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pages sauvages
6 avril 2007

Le café à lunettes

Trois à quatre matins par semaine, Bono et moi allions dans le parc Tao dan, situé au croisement des rues Nguyen trai et Cach mang thang tam. Bono, que tous les vietnamiens appelaient ainsi car il leur étaient impossible de prononcer Bruno, était mon professeur d'arts martiaux. Nous nous étions rencontrés trois mois plus tôt, le jour pile de mon arrivée à Ho chi minh et étions rapidement devenus amis.
A l'ombre des grands arbres du parc, Bono m'enseignait ses techniques, me poussant souvent à aller au-delà de mes limites, me prouvant d'abord qu'avant de les atteindre il faut se surpasser et ensuite que la plupart des obstacles sur lesquels on croit buter sont plus mentaux que physiques.
Autour de nous, d'autres groupes de personnes pratiquaient avec assiduité leurs exercices matinaux. Il y avait des joueurs de badminton, des gens de tous les âges qui couraient à leur rythme, parfois en crabe ou à l'envers, des jeunes qui venaient là pour flirter sur les bancs, des vieux qui sirotaient leur café en faisant des parties d'échec.
Des curieux s'arrêtaient parfois pour nous observer ou engager la conversation avec nous. Bono les invitait à nous rejoindre et à prendre part à nos entraînements quasi quotidiens. Il accueillait tous ceux qui en avaient envie, il ne demandait rien en échange de son enseignement. Comme il avait la manie des surnoms, qu'il attribuait naturellement dans la foulée d'une rencontre, il finissait par en oublier carrément le prénom de ses élèves.
Une fille souriante, qui assimilait les enchaînements avec une facilité déconcertante, avait été surnommée lunettes. L'appeler ainsi était devenu une habitude, si bien qu'il nous fallut plus de trois mois avant de nous réveiller et chercher à savoir comment elle s'appelait vraiment. Elle nous l'avait certainement dit lors du jour de notre rencontre, mais il est vrai qu'entre son anglais approximatif et notre vietnamien laborieux, il y avait eu quelques ratés.
Elle s'appelait Nga.
Elle était étudiante en école d'infirmière et travaillait parfois dans le petit café de son frère. A partir du moment où nous devînmes bons amis, j'y allai régulièrement pour la retrouver et y boire un xa xi ou un Cam vat. Elle était d'une générosité rare, une qualité que j'ai retrouvé par ailleurs chez bon nombre de mes autres amis vietnamiens. C'est elle qui m'apprit mes premiers vrais rudiments de vietnamien. Elle était toujours disponible et me rendait grandement service lorsque j'avais besoin d'aide.

nga_cafe

Le café tenu par son frère, donnait sur une rue perpendiculaire à la rue Nguyen trai. L'étroitesse du local et la déco réduite à son minimum étaient remarquables. Il y avait quelques guirlandes en plastique suspendues, deux ou trois posters de paysages aux couleurs outrageusement criardes et sur les tables, on pouvait admirer le visage d'une star de la chanson ou au choix, les galbes bien carrossées d'une voiture de sport. La stéréophonie du plus bel effet était assurée par deux télévisions qui trônaient dans l'entrée et le fond de la pièce.

breakfast
J'y avais mes habitudes et y allais presque tous les matins y prendre mon petit déjeuner. Nga était prévenante et me faisait goûter à toutes sortes de fruits pressés qu'elle me préparait, même si ce n'était pas au menu. J'aimais particulièrement le jus de fruit de la passion. Avec le temps, nous avions consolidés de vrais liens d'amitié. Petit à petit ses études l'ont rattrapé et de stages en fin d'année, elle a fini par obtenir son diplôme.
Aujourd'hui Nga travaille au V.N. Hospital dans le septième district, où elle côtoie quotidiennement des médecins français et vietnamiens. Elle porte toujours ses lunettes et ça lui va bien.

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Commentaires
C
j'aime toujours tes croquis d'apres nature, c'est genial ! j'ai vu aussi ta BD SF en cours, tu es un veritable pro ! vraiment fantastique, alors bonne continuation !!
M
Mais le style ne peut-être tout à fait le même, car je ne dessine vraiment comme ça que lorsque j'ai la réalité sous les yeux.
M
Ça serait pas con d'essayer de faire une planche dans ce style tu crois pas ? Sans cadres pour les cases, noir et blanc (+ un ou 2 gris éventuellement)... À voir.<br /> Sinon j'aime bien tes récits-souvenirs comme d'hab !<br /> Je me rappelle de Bono-Bruno et de la prtie de baby foot dans le bar de ton autre pote. Ce jour là, j'ai dû suer 15 bons litres !<br /> Vive le Vietnam !
N
le dessin de la vue intérieure du bar est excellent avec l amas des chaises qui reste lisible, la suite est bonne et le trait devriat etre celui que tu utilises dans tes bd.
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